ACTUALITÉ
| Luko : un choc mais pas la fin du B2C numérique
Lorsque l’annonce du redressement judiciaire de Luko a été annoncé en novembre 2022, ce fut un choc pour les commentateurs du milieu « assurantiel & digital ».12 mois auparavant, un tel scenario était loin d’être probable et sans doute pas crédible. Et pour cause, Luko était une pépite du numérique qui voulait révolutionner le milieu de l’assurance habitation avec un parcours client innovant.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette assurtech, un petit retour en arrière est utile :
Luko est une start-up française qui a été fondée à la fin des années 2010. Son ambition est de réinventer l’assurance habitation en se basant sur un parcours de suscription entièrement numérique, en tirant parti des avancées technologiques, comme l’IA et l’Internet des objets (IoT). Ces nouvelles technologies devaient attirer des souscripteurs plus jeunes tout en tarifant plus finement / précisément afin de proposer le prix le plus juste au regard des risques à assurer.
D’une certaine façon, et si l’on veut grossir le trait, le modèle de Luko repose sur le passage d’une tarification reposant sur la mutualisation de masse vers une tarification individuelle du risque.
Luko a aussi était moteur en matière de prévention et a été reconnu pour sa gestion simplifiée des procédures pour ses clients. Grâce à une plateforme en ligne intuitive, les assurés pouvaient gérer facilement leurs polices, déclarer des sinistres et bénéficier d’une assistance personnalisée.
Mais 2022/2023 et la lutte contre l’inflation à coût de renchérissement du crédit ont été meurtrières pour certaines start-up : les levées de fonds ont été plus compliquées et pour une entreprise qui a besoin de ressources pour financer ses innovations, cela ne pardonne pas. Ce contexte économique a aussi découragé de potentiels repreneur.
Un temps valorisée à 250 millions d’euro [1] , Luko voit son périmètre repris par Allianz Direct pour 4.3 millions d’EUR, la décision du tribunal du commerce ayant été communiquée fin janvier 24.
Pour certains, avec la hausse des taux d’intérêt, nous vivons une phase de retour à la réalité, à l’instar de ce que nous avons connu au tout début des années 2000 avec l’explosion de la bulle internet. Pour d’autres, le secteur de l’assurance IARD implique que tout nouvel acteur doit avoir des ressources conséquentes et sûres pour prétendre durer, les levées de fonds répétées n’étant pas une fin en soi.
Si tout ceci est vrai, il est tout de même essentiel de relever que Luko avait un parcours client particulièrement fin et bien réfléchi. Les innovations en matière d’analyse des justificatifs, de segmentation des prix ou de suivi des dossiers bénéficieront à l’ensemble du secteur. Luko apparait plus comme un laboratoire qui a su mettre en pratique ses innovations qu’un échec retentissant du B2C digital. Car indéniablement, en matière d’habitation, il n’est plus permis de tarifer comme au début du siècle, tant la fréquence des risques climatique a augmenté. Tarifer le plus finement, en connaissant le mieux possible le client sans le noyer sous une tonne de questions, est l’enjeu principal pour gagner des parts de marcher.
Le but est d’obtenir à un tarif individuel le plus fin possible, le plus juste possible afin de ne pas voir son résultat technique s’effondrer ou un S/P s’envoler.
Et le modèle disruptif de Luko aura permis des avancées qui ne serviront pas à cette dernière, mais qui bénéficieront à l’ensemble du marché.
Et plus précisément aux acteurs qui souhaiteront accélérer la digitalisation de leur parcours client et la gestion des sinistres grâce aux assurtech et aux nouvelles technologies que cette nouvelle décennie nous apporte.
[1] https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/acculee-linsurtech-luko-se-vend-a-un-assureur-anglais-1952788